La Maison du Serpent

Les deux hommes s’exécutent, mais reviennent les mains vides.

-Nous avons eu un léger contretemps, le rapport global de clôture sera prêt dans un quart d’heure.


Six nouveaux mails ont été envoyés pendant la journée, les deux premiers sont des publicités. Un pour une œuvre caritative qui propose de parrainer un enfant quelque part dans le tiers monde. L’autre publicité est celle d’un magasin de meubles spécialisé pour les hôtels de luxes Amasis a déjà fait plusieurs fois appel a eux par le passé et n’a jamais eu à se plaindre. Le troisième mail est le rapport de clôture de l’hôtel, uniquement la partie légale et officielle ; le rapport n’indique rien de vraiment inhabituel à part une défaillance dans le système de chauffage qui a vite été réparée.
Les trois mails suivant on plus de chance d’attirer l’attention de Amasis :

‘’Monsieur Amasis, Comme chaque année, l’hôtel Splendia organise une soirée costumée le samedi 2 décembre. Le prince ainsi que tous les membres du primogène serons présent. Cet événement est organisé dans le but de permettre au jeunes gens les plus ambitieux de faire connaissance avec les membres les plus éminents de notre ville. Un jury décidera du meilleur costume selon les critères suivant : Originalité, qualité de l’ouvrage et habilité des participants sur la piste de danse. Nous avons l’honneur de vous compter dans notre liste d’invité pour cette soirée privée. Une confirmation de votre présence est souhaitée. Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de ma considération distinguée Arnold Martin, propriétaire de l’hôtel Splendia’’

‘’Bonsoir Amasis, Je suis invité à une réception très importante demain soir et il est hors de question que j’emmène Charles, mon dernier infant, il est encore instable et pourrait se faire manipuler par un ancien. Je ne peux pas le laisser seul non plus donc je vais te laisser t’occuper de lui le temps de la soirée. Djouqed’’

‘’Bjr cher 1conu je sé qui tu é alor vien seul o 43 rue le brun 2main soir à minui sinon je di tou’’

L’adresse mail du dernier message est Anonimmm@yopmail.fr ; une adresse jetable. De toute évidence ce message n’appelle pas de réponse.

Les deux hommes reviennent avec le rapport détaillé de toutes les transactions effectuées pendant la journée. Rien d’autre à signaler, tout c’est passé comme prévu à quelque euros près.

Amasis était quelque peu interloqué par ces messages, surtout le dernier. Un petit plaisantin qui espère sans doutes qu'en allant dire à tout le monde que la nuit a des crocs, les médias feront autre chose que de rigoler ? Ridicule. Néanmoins, il était curieux de savoir où cette personne avait obtenue son adresse... Peut-être un as du piratage, qui sait ? Sans doutes une perte de temps. Mais peut-être aussi un chasseur, donc mieux vaut être sur ses gardes. En faisant une rapide recherche sur cette adresse, le plus probable lui semblait être le 43 Rue Lebrun, à Vitry-sur-Seine. C'était l'adresse la plus proche. Dans le doute, Amasis décida d'envoyer un petit mail à son contact histoire d'en savoir un peu plus.

" Bonsoir, Gob. Je te fais suivre un petit mail que j'ai reçu de la part d'un "mystérieux inconnu". Penses-tu pouvoir obtenir la géolocalisation de l'envoi à partir de l'adresse IP de cette boite mail ? Je ne pense pas m'y rendre, mais ça peut valoir la peine d'approfondir, sait-on jamais. Je devrais pouvoir te trouver l'un de ces petits calices comme tu les aimes, si tu me rend ce service... A. "

Trop de prudence n'étant jamais inutile, il faudra également passer un petit coup de fil à Andreas, histoire d'obtenir quelques tuyaux sur le baron du coin, et savoir de qui je dois me méfier...

Ceci étant fait, Amasis se pencha sur ses rapports de clôture. Il renvoya néanmoins un ordre de fouille de tous les conduits de chauffage par détecteur d'ondes sans fil : Par mesure de sécurité, il ne pouvait pas laisser placer à son insu la moindre caméra ou le moindre micro espion sans fil. Et si il n'était pas sans fil, les câbles seraient apparents, donc facile à repérer pour le personnel. Prudence est mère de sureté, particulièrement en affaires !

Bon, maintenant, passons aux choses sérieuses. Une soirée idéale pour un jeune ambitieux commençant à percer dans la société Vampirique, permettant de nouer de nouveaux contacts, éventuellement des partenaires d'affaires, et mon sire qui tente de m'en éloigner. Fâcheux, mais je n'ai encore rien accepté bien que je ne sois pas en position de lui refuser un service. Enfin, il est toujours possible de tenter de négocier...

" Bonsoir mon sire, Je suis également invité à cette soirée et j'espérais pouvoir y participer. Tu n'es pas sans savoir que notre clan à extrêmement mauvaise presse sur Paris, et faire des affaires dans cet état de fait s'avère relativement pointu. C'est une occasion qu'il me serait particulièrement préjudiciable de manquer... Mais peut-être pouvons-nous nous arranger autrement ? Ton nouvel infant est-il turbulent ? Si non, je peux peut-être le confier à l'une de mes goules. J'ai justement un petit travail pour lequel il aurait l'occasion de se rendre utile, nous pourrions faire d'une pierre deux coups et l'occuper sans gêner nos emploi du temps. Si il est turbulent, et bien je peux éventuellement l'enchainer et l'enfermer, je suis sur qu'il adorerait découvrir le monde merveilleux du SM japonais. Et si tu me parles de ses goûts, je suis presque certain d'être capable de lui trouver de quoi s'occuper pour qu'il ne s'ennuie même pas, si ce cher petit est incapable de rester seul à la maison ou au temple sans faire de bêtises. Même pas une petite nuit au temple à apprendre la légende de Seth ? Plus sérieusement, je ne peux te refuser ce service, tu le sais. Mais si nous pouvions trouve un compromis je t'en serais infiniment reconnaissant. Ton infant dévoué, A. "

Quand à la confirmation, elle pouvait attendre l'approche de l'aurore. Après-tout, lui même ne saurait encore confirmer sa venue... Maudit Charles. Même pas renomé à l'Égyptienne ? Il devait être vraiment jeune.

- Augustin, j'ai reçu un courrier anonyme ennuyeux me demandant d'être demain à minuit au 43 Rue Le brun. Cette caricature de menace me pose un problème : N'importe qui semble pouvoir obtenir mon adresse mail. Je m'attends à en apprendre un peu plus sous peu, mais je veux que tu te renseigne sur le coin. Quels gangs, qui fait la loi, ce genre de choses. Je n'ai pas confirmation de l'adresse exacte, mais ça doit être la plus proche de Paris. Autrement, inutile de s'en préoccuper.

Ensuite de quoi il s'adressa à sa seconde goule, qui s'occupait de la récolte d'informations chez les filles.

- Alice, je vais peut-être avoir la chance de me rendre demain à une soirée costumée organisée par le Prince Villon en personne... Je vais avoir besoin du meilleur tailleur et d'une idée de costume. Je vais y réfléchir, mais prend déjà contact avec mon tailleur pour ce soir et dit-lui bien que c'est urgent. Ah, et après je veux que tu te prépare à éventuellement devoir accueillir demain un jeune infant. Trouves une idée pour l'occuper, et assures-toi de lui trouver une ou deux victimes d'ici demain, je sais que certaines de mes filles adorent ça... Je devrais en savoir plus sur ses goûts sous peu, je te communiquerais ça.

Un clin d’œil enjôleur accompagna un sourire en coin. Il y avait encore pas mal de coups de téléphone à passer bien qu'il ait envie de se dégourdir les jambes, aussi alluma t'il un cigarillo, embaumant la pièce d'une douce odeur de vanille.

- Avez-vous des questions ?

Une fois les deux mails envoyés, Amasis charge ses deux goules d’une tâche qui n’ayant pas de questions, vont chacune dans son bureau respectif.

Amasis est par nature incapable de savourer la fumée du cigare, mais le simple geste lui évoque le souvenir de son effet quand il était encore humain. Malgré les avantages que la nature vampirique apporte, il est bien plus agréable d’être humain.

Une dizaine de minutes plus tard, alors que le cigare est entièrement consumé, la première réponse apparaît sur la boite mail

Un petit calice comme je les aimes ? C’est vrai ? Il faut dire que je ne suis jamais déçu des merveilles que tu m’offres. Bon alors cette fois je voudrais une femme jeune et innocente. Prend ça comme un bonus car je me chargerais personnellement de son éducation. J’aime les voir frissonner de dégoût quand mes doigts difformes viennent toucher leur chair qu’elles considèrent encore comme pure. Quand ma gueule s’approche de leurs fragiles petits cous, je peux presque sentir leur envie de hurler, une envie uniquement réprimée par la peur que je leur fasse du mal. Bah aller je te vois venir avec tes remarques, mais au fond on a tous les mêmes désirs, la bête est la même pour tout le monde. Bon pour ton histoire de mail tu avais vraiment besoin d’un hacker de mon talent ? Bon ok alors le mail a bien été envoyé depuis l’adresse du rendez-vous : 43 Rue Le brun à Paris. C’est la maison de Mr Martin, il est marié et a deux enfants, un petit geek de 16 qui passe son temps sur des jeux en réseau et une groupie fan de Twilight, buffy et d’autre ânerie pareilles. Les parents partent en weekend ce soir, et la petite en profite pour inviter toutes ses copines ainsi qu’un gentil vampire super romantique. Je serais bien passé leurs faire un petit coucou pour leurs montrer à quel point je peux être un bisounours quand je m’applique. Mais enfin c’est pas bien à cause de cette fichu mascarade. Par contre j’ai mis au moins dix bonnes minutes à trouver le lien qui t’uni à cette gamine. Elle va dans le même collège que la fille de ton pitbull qui te sert de tueur. Hé je viens de penser, il réagirait comment si tu lui demandais de tuer sa propre fille ? Fait lui la blague et tu me raconte. Bon aller à plus tard, j’attends mon petit calice avec impatience.

A la fin de sa lecture, Amasis s’aperçoit qu’un autre message a été envoyé.

Bonsoir amasis, Ton frère de sang doit être surveillé de près mais en gardant tout de même une certaine distance car il pique. Il était l’un de mes employés, en quatre ans seulement il est passé de technicien de surface à cadre. Il apprend à une vitesse affolante et son ambition est sans limite. J’avoue que c’est uniquement pour ces raisons que je lui ai offert la non vie. Mais être non-mort ne lui a pas suffit, à peine un mois qu’il nous a rejoins et déjà il projette de se lancer dans la politique. Pire encore, à chaque fois que je le regarde je peux sentir son envie de se jeter à mon cou pour me voler mes pouvoirs. Je ne t’interdis pas d’aller au bal, je pourrais le faire bien sûr, mais je considère que tu es suffisamment prêt pour faire tes propres choix. Si tu as une mission à confier à Charles, il s’en acquittera sans doutes avec joie, surtout si il considère que ça lui apportera de la gloire et de la reconnaissance. Mais méfie toi de lui, il risque de te trahir au moment ou tu t’y attend le moins. Djouqed

Le disciple de Seth fut un instant pris d'un violent rictus de pur sadisme, avant de se ressaisir. Ces deux nouvelles, l'une comme l'autre, étaient des plus intéressante. Bon, il allait falloir commencer par s'occuper de l'enfant. Inutile visiblement de se déplacer en personne, et il pouvait très bien faire rêver la jeune fille sans se donner des masses de peine. Après tout, l'enfant ignorait à quoi il ressemblait et ne devait même pas avoir la moindre certitude qu'il était réellement un suceur de sang. Néanmoins, cette faille dans son anonymat l'agaçait au plus haut point. Il commença donc par là, histoire de ne pas perdre de temps, décrocha son téléphone et composa le numéro de sa goule.

- Augustin ? J'ai des nouvelles sur notre... cible. Inutile de te renseigner plus avant, monte dans mon bureau.

Tant qu'à faire, il allait aussi pouvoir changer son programme concernant cet encombrant Charles... Un infant tel que lui pouvait devenir aussi bien un allié de poids pour le clan qu'une torpille qui explose la coque de leur bateau. Il avait bien une idée mais ça serait un jeu dangereux. Il prit à nouveau son téléphone pour cette fois composer un autre numéro.

- Alice ? Oui, léger changement de programme au sujet de l'infant : Une seule victime sera nécessaire, et uniquement une donneuse. Et ne t'inquiète plus de trouver de quoi l'occuper, je m'en charges. Par contre, j'ai toujours besoin de ce tailleur. Ah, et j'aurais besoin que tu te charges d’envoyer un petit présent à notre bel ami Gob : Notre adorable petit psychopathe souhaite une jeune femme pure et innocente. Inutile de taper dans nos hôtesses, je sais qu'elle ne le sont pas. Si tu manques de temps, repère-moi juste la bonne personne et je me chargerais de la convaincre. Merci ma chérie !

Il y avait un petit quelque chose de spécial chez cette femme. Il l'appréciait vraiment, et prenait toujours malgré lui ce ton protecteur, presque paternaliste : Après tout, inutile de la brusquer car elle était entièrement présente de son plein gré. D'ailleurs il nota dans son mémo de lui verser un petit supplément pour s'être occupé du cadeau de Gob : Ce n'était pas vraiment son travail après tout et il savait bien qu'elle n'aimait pas envoyer du monde au Nosferatu. Et pourtant, il était l'un des alliés les plus utiles qu'il possède, cette affaire avait été pliée en moins de temps qu'il en fallait pour le dire.

" Merci pour le petit coup de main. Tu sais que je n'y connais rien en hacking... Et ne t'inquiète pas d'une quelconque remarque, tu sais bien ce que j'en penses : Les désirs sont fait pour être assouvis. C'est pour ça que je suis là, pas vrai ? Et puis ce n'est qu'en explorant pleinement notre nature que nous pouvons trouver notre chemin vers le paradis. En tous cas, amuses-toi bien mon ami ! A. "

A peine le temps de cloturer le mail qu'il entendit son parlophone sonner. Amasis appuya machinalement sur le bouton pour laisser passer Augustin.

- Bien, prend un siège, nous devons parler toi et moi. Mon anonyme racoleuse est en fait une jeune fille, une amie de ta fille pour être exact. J'imagine que tu comprend d'où viens cette faille de sécurité ?

Insistant lourdement sur ces trois derniers mots, Amasis lui laissa le temps de répondre avant de poursuivre. Après tout, c'était un employé efficace et fidèle. Bien sur, il ne lui demanderait pas d'éliminer sa fille : Il y avait énormément d'autres options, et ce serait le meilleurs moyen de fissurer sa loyauté. Mais il voulait néanmoins savoir si il s'agissait de négligence de la part de son employé ou si sa fille risquait de devenir gênante à l'avenir.

Augustin décroche le combiné puis répond comme à son habitude d’une voix lente et dégagée.

-Mouai, très bien je monte.

Le second appel est destiné à Alice, celle-ci écoute sa mission jusqu’au bout et accepte avec assurance.

-Je m’en charge.

Entre temps, Augustin était déjà arrivé, s’était assis dans un coin et avait allumé un reste de cigarette qui contenait de toute évidence un vieux mélange à base de résine de cannabis.
A ses vêtements, sa démarche et l’expression sur son visage, il donne l’impression d’être tout sauf sérieux. Mais Amasis le connaît bien, il sait que sous son air de junkie se cache un homme de talent qui ne laisse rien au hasard, un vrai modèle de sûreté. Il attend patiemment que l’appel soit finit et que le mail soit écrit.
Puis s’avance avec un sourire, chose qui ne lui arrive que peu souvent et qui précède généralement une bonne baston. Il semble honnêtement convaincu que Amasis va lui demander d’aller taper quelques coups sur un ou deux visages histoire de faire passer le message ‘’qu’on ne rigole pas avec le patron’’.

Quand il apprend la nature de la fuite, son sourire se décompose peu à peu laissant place à une expression de rage.

-Maria ! Hé bien j’en connais une qui va bien apprendre sa leçon demain matin avant d’aller à l’école !

Puis il se calme un peu et prend un visage d’un sérieux que Amasis ne lui à encore jamais vu.

-J’ai un moyen de savoir si la fuite vient de là, mais pour ça je dois rentrer chez moi.

- Prend toute les mesures que tu estime nécessaire, je te fais confiance. Fais-moi juste un état des lieux à la sortie, et surtout n'oublies pas : Si nous avions fait partie de la camarilla, ces bureaucrates nous auraient sans doutes intimés l'ordre de faire le ménage par le vide. Donc, et vu qu'ils pensent que tout qui est sur leur territoire fait partie de leur organisation, je comptes sur toi pour que cette histoire ne s'ébruite pas. Ah, et à moins que tu n'aie une idée plus amusante que la mienne, je compte envoyer à cette damoiselle un Vampire, comme elle espère en voir un. Mais avec des crocs en plastique. Inutile de régler ça dans la violence, une petite humiliation devrait suffire. Le plus important est que cela ne se reproduise plus, n'est-ce pas ?

Un léger sourire en coin se laissa dessiner sur les lèvres d'Amasis. La jeune fille, fascinée par le monde des tén!èbres, pourra faire un très bon choix de calice ou éventuellement de goule à l'avenir. Simuler une romance était plus que largement dans les cordes du Disciple de Seth, après tout... Mais ce serait plus intéressant dans une ou deux années, lorsqu'elle sera un peu plus stable et risquera moins de briser la mascarade. Quoique, avec un petit lien du sang, elle deviendrait nettement plus docile et attentionnée.

- Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis à ta disposition.

Sur ce, et à moins qu'Augustin n'ait d'autre question à poser, Amasis se renseigne tout d'abord par téléphone et via Internet pour trouver un comédien amateur ayant un peu de mal à trouver du travail, et lui proposer un contrat de nuit : Jouer le rôle d'un Vampire romantique pour qu'une jeune fille puisse impressionner ses copines. Une fois trouvé, il ira enfin se dégourdir les jambes et ira discuter avec ses filles pour à la fois prendre de leurs nouvelles et se renseigner sur les "gros bonnets" de la drogue de Paris. Un peu de commérage lui fera le plus grand bien après tant d'affaires sérieuses... Ce faisant, une idée de costume commence doucement à germer au sein de son esprit. Quoi de plus approprié que l'Égypte antique ? Et avec un petit lifting Tzimisce pour la soirée, il pourrait faire très bonne impression.

Spoiler:

Très bien, je fais de mon mieux, je vais vérifier si ma fille est en cause, dans tout les cas je m’occuperais personnellement de mettre fin à cette fuite d’informations. Mon rapport sera bouclé à quatre heures du matin.
Mais c’est une bonne idée pour le faux vampire. Ça me fait penser que j’ai reçu la visite d’un acteur qui proposait de se déguiser en père noël et d’animer l’accueil. Mais vu notre décoration, je n’ai pas jugé utile d’encombrer le rapport de l’hôtel avec ça. Je pense que j’ai gardé sa carte de visite par politesse... Ah, la voilà.

Augutin fouille dans sa poche et ressort une carte de visite qu’il tend à son maître avant de prendre congé.

‘’Rodolphe Quatchiquili
Acteur-Evenementiel, magicien, ventriloque et chanteur.’’

La carte de visite comprend un numéro de téléphone, une adresse email et un site internet.

Le site est vraiment très simpliste et ne contient que le cv (maigre) de l’acteur ainsi que des photos de lui lors de quelques spectacles. De toute évidence, il n’est pas très connu.


Un email viens d’apparaître, il provient du contact hacker :

Bien parlé l’ami, je crois bien que je ne vais pas tarder à le trouver ce paradis avec toutes les jolie filles que tu m’envoie! En tout cas, ne te presse pas pour m’envoyer la demoiselle, avec moi la qualité prime sur la quantité et je sais me montrer très patient.

Bien. Très bien.
Un problème virtuellement réglé sur trois, et la confirmation arrivera pendant la nuit.
Quoique "virtuellement" était un peu léger pour un problème d'adolescentes éffarouchées dont s'occupes Augustin.
Amasis accepta la carte avec un signe de tête approbateur.

- Je te remercie. A présent, mettons-nous au travail : La nuit va être longue.

Tandis qu'il faisait ses rapides recherches sur l'individu, le mail de Gob' fit apparaître un sourire de satisfaction sur le visage impassible du Théophidien. La dite phrase était pour ainsi dire directement tirée des écritures sacrées du Dieu d'Ombos. Ce Nosferatu était définitivement sous sa coupe, et il en jubilait intérieurement. Il pourrait peut-être en faire un adepte dans le futur, ou jouer sur cette relation pour corrompre d'autre Vampires. En tous cas une telle source d'information était un plaisir de chaque instant.

Sur ces bonnes pensées, il décrocha son téléphone. Il avait déjà perdu pas ma de temps en ce début de soirée, et il devait en réserver pour son frère de sang pour pouvoir mettre l'idée qu'il avait derrière la tête en pratique, donc il fallait mettre les choses en marche le plus tôt possible.

- Monsieur Quatchiquili ? Oui, bonsoir. Ici le directeur de la Maison Favart. J'ai bien reçu votre proposition d'animation, néanmoins comme mon collègue vous l'a exprimé, nous n'avons pas besoin d'un père noël. Cependant, j'ai un autre petit boulot pour vous, si cela vous intéresses... Il ne s'agit que d'une seule nuit, une représentation qui commencera à minuit pour être exact, et qui se finira à une heure encore non-déterminée, mais au plus tard à l'aube. Cela vous intéresses ?

Spoiler:

Une fois cette communication terminée, Amasis envoie ce petit mail à son Sire tout en sortant du bureau.

Des couloirs jusqu'aux moindres pièces, le style Louis XV se mêlait avec élégance à un style plus moderne, comme les portes de sécurité au cadran chromé ou les téléphones modernes de la réception. Amasis était par ailleurs plutôt fier de cette débauche de luxe, invitant à jouir de chaque instant dépensé au sein de son antre... Bref, direction le petit salon de l'hôtel. Les moulures de plafond en forme de médaillon de ce petit salon lui rappelaient inlassablement les délices de ses soirées mortelles presque inavouables, et le blason ornant le haut de la cheminée, dont le bouclier et les épées avaient été remplacées par ce petit sceptre que l'on nome Heka, ainsi que le fouet nommé Nekhekh, les deux posés sur une Ankh, la croix de vie, sur fond de désert vallonné. Avec un peu de chance, il pourra croiser ici certaines de ses employées et peut-être même Alice, pour prendre de leurs nouvelles, savoir si elles se plaisent toujours chez lui et savoir si il peut faire quelque chose pour rendre leur séjour plus... Désirable.




Et si il n'y avait personne dans le dit salon, il y avait toujours quelqu’un au bar. Le mérite en revenait sans doutes au système de "Honesty Bar" : Ici, c'était non pas un serveur qui vous recevait, mais libre à vous de vous servir puis de signaler vos consommations. Certes plus facile de frauder, mais autrement plus chaleureux, intime et tentant... Ce système était toujours apprécié des clients comme des filles, et même si il engendrait occasionnellement quelques pertes mineures dont à force on connaissait les sources, elle était un point à l'honneur de l'hôtel qui assurait la fidélité de sa clientèle amourachée par les plaisirs offerts en ces lieux invitant à la débauche et à l'excès.

En marchant vers ces lieux, Amasis réfléchit au fait qu'il n'avait guère le temps de rester en permanence dans le temple à Prier, tout fervent qu'il était, car son œuvre sacrée était au final plus importante : Au lieux d'adresser d'égoïstes requêtes à son dieu, il œuvrait à préparer son retour. Il envoyait ainsi les fidèles potentiels au temple, et malgré toute ses occupations ne ratait jamais le rite du lever du soleil, que ce soit chez lui ou au Temple. Là ou les adeptes classiques imploraient, les Disciples comme lui servaient. Voila pourquoi il avait été élu. Et voila ce qu'il espérait bien faire comprendre à son jeune frère de sang.

-Bonjour monsieur, c’est pour l’un de vos clients ? De quel genre de représentation s’agit-il ? Humoristique ? Tour de magie ? A moins que vous ayez besoin de mes talents de chanteur ?

Rodolphe a un léger accent que Amasis ne parvient pas a identifier. Intrigué, Amasis tout en parlant jette un coup d’œil au site, cherchant une photographie de l'homme pour se faire une meilleure idée du personnage. Si Augustin lui avait remis sa carte, au moins et sachant qu'il connaissait la nature du travail, il ne devait pas s'agir d'un homme au physique trop ingrat.

- En effet, il s'agit de l'un de mes clients, dont je vous parlerais plus tard si le travail vous intéresses. Et pour être précis, nous aurions besoin d'une représentation toute théâtrale et peu ordinaire. Je vous expliques : Il chérit sa fille adorée a un point assez impressionnant, et elle-même est une indécrottable romantique souhaitant pour une soirée se mettre dans la peau d'une héroïne digne de Twilight, ce film qui est sorti il y a peu. Vous devez sans doutes en avoir entendu parler ? Bref, il souhaite donc trouver un acteur capable de se faire passer pour un Vampire romantique mais ténébreux le temps d'une soirée. Rassurez-vous, il ne s'agit pas "vraiment" de simuler une soirée romantique : Ses amies seront présentes. Je peux concevoir que vous trouviez ce travail peu sérieux, mais je supposes qu'il est inutile de vous rappeler la réputation de notre établissement ainsi que de notre prestigieuse clientèle, n'est-ce pas ?

-Oh, je vois, oui, ça rentre dans mes compétences, il m’est déjà arrivé de jouer le rôle d’un vampire. Quel salaire me proposez vous pour cette prestation ?

-Le salaire a été ajusté en conséquence du manque de préparation auquel vous devrez faire face, car la représentation a été programmée un peu dans l'urgence pour la nuit de demain et vous comprendrez naturellement que nous avons besoin d'une confirmation de votre part au plus vite. Je vous proposes un contrat intérimaire vu qu'il ne s'agit que d'une nuit, à 11€ de l'heure. Naturellement, vous avez la prime de nuit de 25%, une prime d'assiduité de 4% car votre ponctualité sera déterminante, ainsi qu'un forfait de transport pour vos déplacements. Pour rester parfaitement dans votre rôle du début à la fin de la prestation et sans interruption ainsi que pour ne pas divulguer les détails de ce travail, notre maison a également offert à mon client d'ajouter une prime de confidentialité à votre contrat. Tout ceci sera bien entendu spécifié par écrit dans celui-ci, qui vous attends dans nos bureaux dès ce soir si vous êtes intéressé.

-J'arrive dans une demi-heure, ce travail m’intéresse.

L'homme raccroche et tout redevient calme, c'est bien la première fois depuis que le serpent s'est éveillé. Mais ce calme n'est pas de longue durée car le téléphone sonne à nouveau.
Il s'agit du portable de Alice.

-Dois-je faire monter votre déjeuné ? De quelle poupée avez-vous besoin ?

Il peut paraître ironique qu'après tant d'années d'esclavage elle emploie des mots aussi dédaigneux pour parler des escort-girl de l’hôtel dont elle a la responsabilité.