Conserverie de viande désafectée [Refuge de Elzbieta]

Un vieil entrepôt fait de taule rouillée par la pluie et le temps se dresse comme un vestige du passé dans les Marches de Chicago. Cela fait bien 20 ans qu'il n'y a plus d'activité en son sein, mais tout le matériel est encore à l'intérieur. On peut voir à certains endroits, les tapis roulants sur lesquels les bouts de viande passaient, ou encore les crochets auxquels l'on accrochait les carcasses d'animaux jusqu'à ce que quelqu'un les commande. Puisqu'il n'y a plus d'électricité à l'intérieur, les machines ne marchent plus, tout comme le système de réfrégération qui permettait de conserver la viande. Au lieu de cela, on trouve de la rouille et de la moisissure à l'intérieur.

Les grillages qui autrefois permettaient de protéger l'entrepôt ne servent aujourd'hui plus à grand chose puisqu'on y trouve de nombreux trous permettant de passer à travers. Malheureux sont les inconscients ayant pénétré le lieu sans se douter qu'une Nosferatu y avait élu domicile...

Alberto, accompagné de sa goule, s’approcha d’un trou dans le vieux grillage encerclant l'entrepot. Il s’arrêta et se retourna vers sa goule :
« Je vais ouvrir le chemin et tu vas me suivre en assurant ma sécurité. Je viens ici pour discuter avec une personne dont l’apparence peut être monstrueuse. J’aimerai que tu ne fasses aucun commentaire et aucun geste agressif. Sache aussi que cette personne peut apparaître de nulle part »

Ensuite Alberto passa dans le trou et se dirigea vers l'entrée principale de l'entrepot. Alberto n'essaya pas d'être discret car son objectif n'était pas de surprendre le Nosferatu mais bien d'attirer son attention pour qu'il vienne discuter. Son plan était simple, une fois à l'intérieur, s'il n'y a pas danger, il crierai une phrase du genre : "Bonjour, c'est Balthazar qui m'envoi".

« Tu sens la mort, vampire » ces mots aussi résonnèrent dans la tête d’Alberto. Cela voulait tout dire et rien dire ? Son interlocuteur voulait il dire qu’il savait qu’Alberto fricotait avec les fantômes ? Ou bien était-ce une manière de dire qu’il valait mieux avoir une bonne raison de le déranger. De toute façon, avec les Nosfératu, impossible de savoir combien ils sont réellement donc il vaut mieux garder un profil bas. Le mot « Vampire » dans sa phrase laissait à penser que l’interlocuteur n’était pas un vampire ou du moins ne se considérait pas comme tel.

Après un instant de réflexion, Alberto décida qu’il était temps d’arrêter ce délire paranoïaque. Normalement cet état esprit, pour un vampire, vient avec l’âge et là, Alberto avait encore du temps avant de voir des complots partout.

Tout en regardant vers l’origine de la voix, pour essayer de localiser son interlocuteur, Alberto prit calmement la parole :
« Bonsoir, je suis le Dr Giovanni et c’est Balthazar qui m’envoi. Je viens discuter».

Même si la bête, qui cohabitait avec Alberto, semblait ne pas aimer que l'on lui rode autour tel un vautour autour de sa proie, Alberto la garda sous contrôle. Restant le plus calme possible et sans commettre le moindre geste brusque pouvant être pris comme une agression, Alberto répondit :

« Dans le fond, être aimé ou détesté, cela ne change rien à ce que je suis réellement pour les anciens vampires de cette ville : un pion utile que l’on veut pouvoir bouger à sa guise ! Que ne ferait un prince pour que sa précieuse Mascarade reste intacte ?

Alberto reprit aprrès une brève pause:

En l’occurrence, un membre de votre clan a commis une entorse à cette dernière et probablement aussi vis-à-vis des traditions de la Camarilla. Je dois retrouver ce vampire et Balthazar m’a dis que votre primogène serait en mesure de m’aider.

Une autre brève pause :

Il m’a aussi dis que vous pourriez me mettre en contact avec votre sir. Ce serait il trompé ? »

Pour Alberto, la glace était clairement brisée entre les deux vampires, mais ce n’est pas pour autant que la partie était gagnée. Que répondre pour le rassurer ? Après un moment de réflexion, Alberto décida de jouer la carte de la vérité. De toute façon, il savait qu’il pouvait retrouver le primogène autrement :

« D’abord, pour ma part, je dirai que la rencontre ne doit pas forcément avoir lieu dans son refuge. Après tout, mon propre refuge n’est pas un grand secret et il y a aussi des espaces publics. Maintenant, j’apprécierai à sa juste valeur la marque de confiance que d’être reçu chez lui »

Alberto marqua un temps d’arrête le temps de prendre ses lunettes et de commencer les frotter avec un chiffon. Il espérait que cette manœuvre montrerait qu’il était confiant.

«Le vampire que je recherche a volé une grande quantité de sang dans un hôpital sous ma responsabilité. Un tel vol n’est pas passé inaperçu mais grâce à mon influence et mes ressources financières, je suis intervenu avant qu’une enquête officiel ne soit ouverte. Le résultat d’une telle enquête aurait forcément attiré l’attention sur les vampires. Surtout lorsque le voleur, qui utilise une discipline, se fait filmer par les caméras de sécurité. Ici il s’agit d’une infraction à la première de vos traditions : la mascarade.
De plus, en me renseignant sur le dit vampire, il s’avère que les autorités en place ne semblent pas connaître ce vampire. Donc soit il y a eu la création d’une descendance sans autorisation et là une infraction à la troisième de vos traditions soit le vampire ne s’est pas présenté au prince et là il y a une infraction à la cinquième vos traditions.

Alberto, marqua une brève pause, un peu comme s'il était humain et qu'il devait reprendre son souffle avant d'enchainer sur la suite:


La seule certitude est qu’il s’agit d’un Nosfératu et que forcément cela va retomber sur votre clan. Au tant gérer cela entre nous de manière à ce que tout le monde s’y retrouve. Et comme tu l’as compris, je ne suis pas motivé par le respect des traditions dans cette ville, mais bien par le faite que pour ma famille, ce Nosferatu nous doit maintenant de l’argent et je compte bien lui présenter la facture. De plus, voir votre primogène me permettra de présenter les services qui je suis susceptible de fournir.

Alberto espérait que ce long monologue n’allait pas changer l’humeur de son interlocuteur.

Lorsque Elzbieta se matérialisa devant lui, Alberto du utiliser toute sa volonté pour ne pas faire un bon en arrière de surprise. Ce pouvoir avait toujours l’art de mettre à rude épreuve ses nerfs. La laideur en elle-même d’Elzbieta ne le dérangea absolument pas. En effet, si vous trouvez un Nosfératu laid, ce n’est rien comparé à un corps en état de décomposition avancée …Et comme l’avait si bien dit le shérif, les Giovanni ne font pas que parler aux morts.

Alberto pris, dans la poche avant de son veston, sans faire de mouvement brusque, une carte de visite qu’il tendit à Elzbieta :
« Voici mes coordonnées. Ce fut un plaisir de faire votre connaissance Elzbieta ».

Sur ce, Alberto et son garde du corps quittèrent la conserverie.

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